mardi 31 août 2010

Figaro blog : Les dessous du social en parle

Le 31 août, Marc Landré, rédacteur du fameux blog "Les dessous du social" du Figaro.fr, a reçu 183 Jours en avant-première.


PÔLE EMPLOI : DANS LA PEAU D'UN CONSEILLER
ENCORE UN OUVRAGE sur l'enfer de Pôle emploi qui devrait donner quelques sueurs froides à son directeur général, Christian Charpy, et à son ministre de tutelle, Laurent Wauquiez. Le 7 octobre prochain sort aux éditions Plon un nouveau pamphlet intitulé "183 jours dans la barbarie ordinaire - En CDD chez Pôle emploi", soit sept mois quasiment jour pour jour après la mise en vente des désormais célèbres "confessions d'une taupe à Pôle emploi" publiées en mars dernier.

Il ne s'agit nullement, contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, d'un brulot anti Pôle emploi mais d'un témoignage parfois émouvant. L'ouvrage retrace sur 236 pages - que "Les dessous du social" ont pu lire en avant-première - le quotidien de Marion Bergeron, jeune graphiste de 24 ans au chômage recrutée en CDD pour six mois début 2009 pour renforcer les effectifs de l'agence qui avait fusionné, au 1er janvier, l'ANPE avec les Assedic. De son arrivée - non annoncée dans l'agence et en pleine crise d'hystérie d'une demandeuse d'emploi - à son départ 183 jours plus tard, un mois tout juste après s'être fait plaquer par son amoureux, Marion retrace ses journées de conseillère, toujours les mêmes entre la peur de se faire agresser par des demandeurs d'emploi sous tension et l'envie de venir en aide à des gens qui n'ont rien.

Marion Bergeron - c'est son vrai nom - relate, page après page, les affres d'une fusion qui bloque, la complexité du système, les relations humaines compliquées entre les ex-ANPE et les anciens de l'Assedic, l'impossibilité d'appliquer le suivi mensuel personnalisé quand les portefeuilles dépassent 150 chômeurs, les absences des conseillers pour surmenage qui ne surprennent plus personne, les rumeurs les plus folles qui courent sur les salariés de l'agence qui se suicident ou sont assassinés par des chômeurs en colère, les altercations quotidiennes avec les demandeurs d'emploi, les trucs et astuces de ses collègues pour trafiquer les chiffres de rendement, les demandeurs d'emploi qui ne viennent pas aux convocations. Mais aussi les radiations à tout va, le 3949, les entretiens de présentation du site internet de Pôle emploi à des chômeurs qui n'ont jamais touché un ordinateur de leur vie, les réunions d'équipe du vendredi après-midi où personne n'écoute personne, l'enfer des sigles internes (ECCP, EMT, EMTPR, DE, EXD, PPAE, GU, ZT...) et de l'informatique préhistorique, le changement de direction, l'absence de perspectives à offrir, les employeurs qui veulent un BAC+4 avec dix ans d'expérience payé au smic et si possible blanc, le zèle de certains de ses collègues, les syndicats qui bloquent l'installation dans le site unique ultra-moderne de l'autre côté de la rue...

Bref son quotidien de conseillère précaire pendant six mois dans une agence Pôle emploi du sud de Paris. Son quotidien de conseillère sans expérience RH recrutée un peu par hasard et bombardée, sans aucune formation et en pleine explosion du chômage, du jour au lendemain, au milieu de la détresse humaine, de la misère. Le récit est chronologique, donc parfois répétitif et indigeste. Qu'importe, il est surtout bourré d'anecdotes dans lesquelles chaque conseiller Pôle emploi se reconnaitra.


Une critique nuancée, donc. Mais également quelques contre-sens. Des précisions étaient nécessaires. L'auteur, Marion Bergeron, a donc rédigé un droit de réponse que Marc Landré a publié dans les commentaires de son article.
Monsieur Langré, je suis ravie que vous ayez pris la peine de lire mon récit et d'en faire un papier sur votre blog.

Cependant, je tiens à éclaircir quelques points. En effet, vous écrivez que mon texte relate "les radiations à-tout-va", or ce n'est précisément pas ce que je raconte. Au contraire, je décris une situation où les sanctions prévues ne sont pas appliquées. Mais, je peux comprendre que le côté répétitif et indigeste que vous avez trouvé à mon récit vous ait incité à sauter quelques pages. Je ne vous en veux pas.
D'autre part, comme je le précise au début du livre, chaque conseiller de Pôle Emploi ne se reconnaîtra sûrement pas dans mon récit. Étant donné la multitude de fonctionnement et de situations qui se côtoient au sein de cet organisme, mais également parce que j'étais une conseillère en CDD sans formation, ce qui n'est heureusement pas le cas de la majorité des effectifs.
Enfin, je trouve dommage que vous n'ayez pas apprécié le côté incarné et vécu de mon récit. Je ne raconte pas comment je me suis faite "plaquée par mon amoureux" mais comment ce travail a empoissonné ma vie privée au point d'en détruire ce que j'avais de plus précieux : mon couple. C'est d'ailleurs sur ce point que mon récit diffère des Confessions d'une taupe que vous citez en exemple. Je ne me cache pas sous un pseudonyme, j'assume ce travail qui m'a abîmée, qui m'a changée. Je crois que c'est, par ailleurs, ce qui fait la qualité de ce livre. Sa réalité. Et son exploration de ce que peut être, aujourd'hui, la souffrance au travail. Mais, il est vrai que,  pour vous, la souffrance au travail est une question malsaine, fausse et taboue, comme vous le faisiez durement remarquer dans votre post du 15 novembre 2009, Souffrance au travail : le trop plein. Je comprends donc que vous ne m'ayez pas comprise.

En vous remerciant d'avoir pris la peine de me lire, à nouveau.

5 commentaires:

  1. Suite au droit de réponse, Marc Landré a modifié son article.
    " À noter que ces "183 jours dans la barbarie ordinaire" disposent d'un blog où l'on peut en lire quelques extraits. L'auteur répond notamment à ce post qu'elle n'a visiblement pas totalement apprécié. "

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  2. Bonjour, Directeur d'un Pôle Emploi j'avais apprécié les confessions d'une taupe...car audelà de quelques exagérations et erreurs, j'y ai lu un formidable plaidoyer pour les agents de ce service public qui dans des conditions souvent difficiles font tout pour apporter le service, une réponse adaptée.
    Dans les extraits des 183 jours...il me semble y retrouver avec encore plus d'acuité un témoignage sur l'engagement au quotidien du personnel de Pole Emploi. Je le lirai donc et le ferai circuler dans mona gence.

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  3. Bonjour,
    Belle promo ;) Bravo à vous
    Je m'interroge quant à votre recrutement car l'article de Marc Landré laisse entendre que vous n'aviez pas le profil. Alors votre recrutement: MRS? Des recruteurs qui ne se pose pas la question des compétences? ...
    Cordialement,
    Bonne continuation

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  4. Bonjour,
    Je comprend ta souffrance et le besoin de l'exprimer. Malheureusement depuis que je travaille à ANPE/Pole Emploi (2005)j'en ai vu défiler des CDD et la pluspart du temps le début de leur contrat était aussi dur selon leur "adaptabilité" ou l'art de se fondre dans le systéme. Avant 2005 j'ai travaillé 20 ans dans le monde "normal" dont 5 ans d'intérim, je n'ai jamais vu ce type de recrutement ni ce manque de moyen et l'accueil !! sans commentaire. Même à l'APHP. Recrutée sur concours à mon arrivée en agence l'adjointe m'a dit "si j'avais eu le choix, je ne t'aurai pas prise" tout un programme. Recrutée à + de 40 ans je génais, elle ne prenait que de jeunes CDD moulables et éjectables à souhait. Pôle Emploi se décompose, la fusion devait rationnaliser la gestion des ressources humaines : les + importants recrutements se font dans les services pas en agence, il + d'effectifs dans les structures qu'en agence qu'avant la fusion !! Quelle économie ! Courage et rebondit vite et loin.

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  5. Il faut redéfinir le rôle exact d'une structure qui a en charge d'accompagner un individu privé d'emploi, les outils existent mais bien souvent mal perçus, peu utilisés ou tout simplement ignorés, mais aussi un logiciel ne doit pas commander l'être humain et décider à sa place.
    Cette lourde institution que représente Pôle Emploi a perdu de son efficacité, l'Etat français a baissé les bras face au probléme majeure du nombre de chômeurs en augmentation permanente, il se contente de fausser les statistiques, de minimiser l'impact sur l'économie française.
    L.W. est un fantaisiste aux ordres, non-crédible, une caricature d'un conseiller emploi noyé dans ces contradictions et ses mensonges à l'image de nos dirigeants.

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