Marion Bergeron est l'auteur de "183 jours dans la  barbarie ordinaire", livre dans lequel elle raconte son CDD de six mois à  Pôle emploi. Elle a répondu aux questions des internautes de  L'Express.fr. Le chat, dans son intégralité, à retrouver en ligne.
Charly : "Barbarie"! Connaissez-vous  réellement le sens de ce mot ? Ne pensez-vous pas que ce terme est  inapproprié et plutôt utilisé à des fins commerciales ?
Marion B : Effectivement, le terme barbarie est fort.  Mais, il illustre parfaitement ce que j'ai vécu pendant 6 mois. Une  barbarie ordinaire, qui se répète chaque jour et qui vous détruit. C'est  pour cela que j'ai souhaité témoigner, parce que ce que je vivais était  particulièrement dur.
Sonia : Bonjour, je suis en recherche  d'emploi et je suis d'accord avec vous sur le fait que Pôle emploi ce  n'est pas toujours simple. Mais quand même n'abusez vous pas un peu ?
Dans mon texte, tout est vrai. C'est un témoignage. Je n'ai  jamais forcé le trait. Je peux même vous dire que j'ai préféré taire  certaines anecdotes qui me paraissaient trop dures. Certains de mes  collègues qui ont lu le texte m'ont trouvée parfois trop dans la  retenue. Il est pourtant vrai que toutes les expériences sont  différentes, en fonction de l'agence dans laquelle vous vous trouvez  mais aussi de la typologie sociale du lieu où elle se trouve.
Eric : Je viens de terminer votre livre.  Témoignage très impressionnant, mais aussi parfois surprenant envers les  chômeurs. "Sa chemise noire le saucissonne comme un petit boudin",  "elle sent le poulet frit", sont quelques unes de vos expressions envers  eux. N'est-ce pas aussi une forme de barbarie ordinaire ? 
Lorsque l'on prend le parti de décrire la réalité telle qu'on  l'a vécue, il est trop malhonnête de faire dans le politiquement  correct. J'ai aussi voulu retranscrire la façon dont l'accueil peut vous  abîmer et influer sur votre vision des choses. La ronde infernale des  altercations, des incivilités, du mépris finit par vous user. Vous  devenez dure. Merci de m'avoir lue !		
Derrick : Graphiste reconvertie en  conseillère pour l'emploi, vous incarnez parfaitement le paradoxe de  cette administration. C'est Pôle emploi qui vous a proposé ce job ?
Non, Pôle emploi ne m'a pas proposé ce travail. Mais, j'en  avais parlé à ma conseillère de l'époque et elle avait trouvé que  c'était une bonne idée. D'un côté, moi, je ne trouvais pas de travail.  De l'autre, Pôle emploi avait du mal à trouvé 1840 recrues. Pourtant, je  pense que j'aurais pu faire une bonne conseillère, si j'avais reçu une  formation digne de ce nom et si je n'avais pas été utilisée comme une  rustine à l'accueil.
Bobo : Après 6 mois passés chez Pôle  emploi au printemps 2009, soit 6 mois après la fusion effective des  ex-organismes, pensez-vous être en mesure de décrire objectivement la  situation actuelle ou est-ce un livre d'histoire ? 
C'est un témoignage. Je ne fais pas une analyse documenté de  Pôle emploi et de son fonctionnement. Je raconte six mois de travail  précaire, de l'autre côté du guichet. Et cela, oui, je suis capable de  le décrire objectivement, parce que c'est tout simplement ce que j'ai  vécu.
Babette : "Je quitte mon pupitre et perd de  longues secondes à contourner sa grosse masse flasque", écrivez-vous à  propos d'une expérience avec un demandeur d'emploi. Pourquoi blesser  gratuitement comme cela ?
Ce demandeur vient de m'agresser. J'ai du mal à le trouver  séduisant, je l'avoue. Alors, je le décris tel qu'il est à ce moment-là.  Quelqu'un qui n'a rien d'aimable.

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